diaporama sonore 
restitution de workshop w/ Michael Ackerman (Agence VU) 
C’est une presqu’île célèbre, un des plus beau sites naturels de France confronté à un double phénomène: sociétal et climatique. Erosion des dunes, assauts de l’Océan transforment progressivement les contours de la Pointe du Cap-Ferret. Ici bien sûr, on constate le réchauffement climatique. Habitée à l’origine par des pêcheurs qui y installent des cabanes rudimentaires, elle fait face à la belle ville d’Arcachon, dont les villas symbolisent l’avènement du tourisme balnéaire à la fin du XIXème siècle. Congés payés, trente glorieuses, TGV et trente-cinq heures ont eu raison de ce territoire naturel pour le métamorphoser en un lieu de résidence privilégié, 44 hectares huppés et “petits mouchoirs” au fond du panier. Née d’un imaginaire bohème devenu bobo, cette nouvelle gentrification balnéaire bouleverse la vie presqu’insulaire de ses habitants. Disparition des commerces et des services, exode générationnel et folie immobilière font le quotidien de la population locale qui réunit retraités, artistes ou travailleurs de l’arrière-saison. Parmi les quelques personnes âgées qui ont encore domicile sur la presqu’île, Josette Léglise montre ses souvenirs, se raconte en jouant au Scrabble dans un enthousiasme volubile et joyeux malgré les épreuves de la vie, malgré la difficulté grandissante de vivre sur ce territoire mouvant et émouvant.

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C’est une rencontre. Dans la rue déserte de la petite station balnéaire prisée, des pavillons d’habitation d’allure banale, modestes mais aux détails soignés. Le soleil se lève, une porte s’entrouvre. La conversation s’engage. Josette Léglise vit à Lège-Cap-Ferret depuis qu’elle s’est mariée. Aujourd’hui, elle vit seule dans la maison qu’a bâtie son mari. Sur la cheminée, les photos de famille raconte l’histoire de sa vie. Les souvenirs se télescopent, tiennent à un portrait, un objet, un petit mot, un geste, un regard. C’était un homme gentil. Les mots vont et viennent en aller-retour du passé lointain au quotidien présent. Le téléphone sonne. Josette a rendez-vous avec le médecin demain matin. Je reviendrai. Je n’ai pas fait de photo. 
Tout va bien. Après la consultation, Josette a déjeuné. Elle aura peut-être une visite cet après-midi. Puis elle a commencé une réussite. La vieille dame aime jouer, aux cartes bien sûr mais tout particulièrement au Scrabble aussi, elle a même été présidente du club local. Une partie ? Sitôt dit, sitôt le plateau dressé, pions, carnet de scores et dico à dispo. J’ai beaucoup joué au Scrabble lorsque j’étais enfant. Mon père est décédé il y a déjà six mois et ma mère vit seule aujourd’hui, aurait-elle ouvert sa porte à un inconnu pour une partie de Scrabble? Josette est bavarde, s’enthousiasme pour un bon score, marmonne des mots qui n’existent pas, rit. Nous rejouerons. 
La vieille dame a baissé les persiennes, la nuit a enveloppé sa maison. Elle restera le plus longtemps possible chez elle, mais craint de ne pouvoir laisser sa maison à ses petits enfants. Ici les biens immobiliers s’arrachent à prix d’or. On rase pour se faire construire une résidence d’été qu’on oubliera l’hiver. La vie à l’année devient compliquée, elle s’évanouit petit à petit. A la pointe de la presqu’île, le vent érode les dunes et la plage sauvage s’efface sous les assauts de l’Océan. 
A l’issue d’une semaine de résidence, nous avons monté, sonorisé puis projeté nos travaux respectifs au cours d’une soirée de clotûre à l’hôtel des Pins. Les diaporamas ont à nouveau été projetés quelques semaines plus tard au sein de la galerie VU dans le cadre d’une exposition collective. 
Josette m’a envoyé une carte postale du Cap-Ferret.